Éric Vanden Bemden

Eric Vanden Bemden - reSTART de BECI

Coordinateur du programme reSTART de BECI.


 

En partenariat avec diverses structures bruxelloises[1], le programme reSTART de Beci, apporte un soutien salutaire aux entrepreneurs bruxellois en faillite. Un accompagnement professionnel et humain, qui permet au reStarters de partager leur expérience au sein d’un groupe de pairs, de se soutenir mutuellement, d’envisager l’échec comme une occasion d’apprentissage, afin de mieux… rebondir. Mi-mars 2020, le confinement vient entraver ce processus de reconstruction collective… Tout comme il impacte sensiblement l’activité et la santé d’une majorité d’entrepreneurs. Eric Vanden Bemden, coordinateur du programme, partage son vécu et son point de vue sur cette traversée de la crise.

Quel est votre ressenti quant à l’impact des mesures sanitaires, sur la santé des entrepreneurs ?

Le programme a été mis à l’arrêt pendant le confinement parce que nous travaillons essentiellement en collectif et en présentiel… Durant les premières séances, divers formateurs interviennent pour créer une bonne synergie entre les participants… Quand vous vivez une faillite, il est difficile d’en parler. Quand vous osez en parler autour de vous, les gens ne vous comprennent pas. Alors que là, ils se retrouvent entre personnes ayant vécu les mêmes traumatismes… On casse cette solitude et il y a une solidarité entre eux qui est énorme.

Et c’est ce processus qui a été interrompu pendant le confinement…

Oui. Un seul groupe a survécu via des rencontres Zoom. Mais ce n’est pas la même chose. Pour redémarrer une nouvelle promotion, il est impératif que les reStarters se rencontrent « physiquement », au moins deux à trois fois, le temps que la confiance s’installe. Une confiance suffisante pour oser exprimer ses émotions face au groupe. Ce qui n’est pas possible en communication virtuelle.

Comment les entrepreneurs de Beci ont-ils vécu la crise ? Quel a été l’impact sur leur santé ?

Au début du confinement, un call-center a été mis en place pour prendre de leurs nouvelles et évaluer leurs besoins. Ils étaient très contents d’être appelés… On a bien senti une inquiétude, un pessimisme, une perte de confiance. Au niveau de leur santé, ils ont été marqués par le stress, la fatigue, la démotivation et l’isolement…

Les aides publiques proposées ont-elles été suffisantes ?

Elles étaient les bienvenues mais elles étaient similaires, quelles que soit la taille de l’entreprise (indépendant seul, TPE ou PME). Quand vous devez payer un loyer de plusieurs milliers d’euros et que vous recevez une prime unique de 4000€, c’est dérisoire pour amortir l’impact.

Comment les entrepreneurs se sont-ils adaptés à la communication virtuelle ?

Tout comme au sein de Beci, ils ont dû s’approprier différents outils de communication tels que Teams ou Zoom. Après deux mois, on a senti un réel besoin de se revoir, de pouvoir parler de tout et de rien, d’autre chose que du business. L’être humain a un grand besoin de lien social. Moi-même, j’en ai souffert. J’étais très content de revenir chez Beci, ne fut-ce qu’une journée par semaine. Je ne suis pas le seul. Les entrepreneurs ont ressenti les mêmes difficultés à rester chez eux. D’autant plus pour ceux vivant dans de petits appartements… Sans compter les difficultés de partage entre espaces privé et professionnel, au sein du domicile : non seulement votre entreprise ne fonctionne plus bien mais, en plus, vous devez « gérer » les plus au quotidien : enfants, tâches domestiques etc… On peut imaginer le stress et la fatigue que cela a pu causer. C’est cet enfermement qui a été difficilement supportable.

Certains entrepreneurs ont trouvé des solutions alternatives et réorienté leur offre. Sont-ils nombreux ?

Je ne le pense pas. Certains commerçants ont trouvé des solutions alternatives solidaires. Par exemple, l’un avait trop de stockage et l’autre avait une camionnette à disposition pour des livraisons. Ils ont donc chacun contribué à pérenniser l’activité de l’autre en proposant des solutions d’échange de services. Mais ceux qui ont rebondi et ont fait le buzz, ne sont pas la majorité. C’est néanmoins important de diffuser cette image positive, de réveiller l’optimisme. Car c’est surtout grâce à la solidarité et l’entraide que le rebond devient possible.

 


[1] Team4job, Actiris, CEd, Tribunal de l’Entreprise, EMCC