Yamina Seghrouchni
Masseuse
Présentation
« J’ai 30 ans et je suis indépendante complémentaire en tant que masseuse depuis 1 an. J’ai décidé de me réorienter dans tout ce qui touche au bien-être car la culture des entreprises et des institutions ne me convenait plus : je voyais qu’il y avait réellement un manque au niveau du bien-être au travail… Et c’est un peu vers ça que je me dirige via mon activité d’indépendante complémentaire. »
Gestion du temps et activité professionnelle passionnante
Combien d’heures environ travaillez-vous par semaine ?
Comme masseuse je suis à une quinzaine d’heures par semaine. Ce rythme-là aurait pu me convenir si c’était simplement ça. Or, à côté, j’ai un mi-temps qui me prend 19h par semaine et je suis en formation 2 soirs par semaine. Au total, je dois être à 40-45h hebdomadaires, ce qui, personnellement, ne me convient pas. Je le savais mais c’était le challenge de cette année : me former davantage pour pouvoir offrir plus de services et démarcher les entreprises, les institutions… Cela demande des sacrifices sur ma vie privée. Mais je sais que bientôt débutera une nouvelle aventure.
Êtes-vous satisfaite de votre gestion du temps ?
Je ne suis pas satisfaite et je me sens un peu prisonnière. Je ne sais pas vraiment comment faire pour dégager plus de temps. J’ai besoin de temps pour moi et dans tout ce que j’ai mis en place, les créneaux qui sautent sont le sport et le bien-être personnel. C’est très frustrant… Il faudrait refuser des clients pour pouvoir s’offrir du temps et quand on débute cela peut être compliqué.
Connaissez-vous votre rythme et vos limites personnelles ? Les respectez-vous ?
Je ne les ai pas respectés parce que j’étais dans une situation un peu complexe. Je connais mes limites et mon rythme et je pense savoir comment les respecter davantage, dans un futur proche en tout cas.
Aviez-vous pris en compte la gestion du temps et la santé dans votre business plan ?
Non, pas du tout. Parce que je croyais, qu’en tant qu’indépendante complémentaire, j’allais mettre du temps à me faire connaître. Donc j’étais vraiment cool au début. Si c’était à refaire, je mettrais des choses en place dans mon métier de salariée, pour pouvoir mieux concilier les deux. Je ne réalisais pas que mon activité me passionnait autant.
Poser ses limites pour une meilleure gestion du stress
Concrètement, quelles sont les situations qui génèrent pour vous du stress ?
Ce qui génère le plus de stress sont les demandes de dernière minute venant de partenaires extérieurs, surtout si elles arrivent à un moment où j’allais enfin pouvoir souffler. Quand je reçois ce coup de fil, je suis un peu dérangée parce que refuser, c’est délicat.
Comment ressentez-vous le stress dans votre corps ?
J’ai une grosse boule qui monte, je chauffe pas mal et j’ai le cœur qui palpite. Je me sens angoissée et je mets du temps à redescendre. C’est au moment où je masse une personne que je redescends, parce que cela me procure du plaisir.
Faites-vous régulièrement des pauses ? Partez-vous en vacances ?
J’ai de grosses périodes de rush et ensuite, je prends une semaine où je coupe tout et je me consacre juste à moi et à remettre de l’ordre dans mon équilibre personnel. Je fais le point et je vois ce dont je manque. Ça devient mon rythme, j’accepte et j’accumule un tas de choses jusqu’au moment où je sens que je ne vais plus éprouver de plaisir à masser une cliente. Je préfère alors ne pas la recevoir parce que je sais que je n’aurai pas la bienveillance et l’attention nécessaires. C’est là que se trouve ma limite, à partir du moment où je sens que je ne vais plus faire les choses avec cœur.
Pourriez-vous déléguer certaines tâches à des collaborateurs ? A votre entourage ?
Je ne délègue pas et je n’ai rien à déléguer pour l’instant. A part passer par un système de rendez-vous en ligne, je ne pense pas que je pourrai un jour déléguer malheureusement.
Des massages apaisants et une entrepreneure énergique
Au cours des derniers mois, avez-vous eu des troubles du sommeil ?
Durant les premiers mois de mon activité, j’étais très perturbée : que mon agenda soit vide ou plein de rendez-vous, je stressais et je ne dormais pas… Maintenant, le fait que mon agenda ne soit pas rempli ne génère plus de stress et d’angoisse…
Quelle est votre « tactique de réveil » ? Comment vous sentez-vous au lever ?
Aujourd’hui, je ne me réveille pas en pensant boulot ou formation ; je suis très contente. »
Prenez-vous en compte les temps de déplacements et les problèmes de circulation dans l’organisation de votre agenda ?
Oui. Par exemple, je n’accepte aucun rendez-vous au domicile du client en semaine car je sais que les trajets génèrent stress et perte de temps. Je préfère ne pas travailler que de devoir affronter les embouteillages avant de donner un massage. Parce que, quand j’arrive après un embouteillage, je ne suis pas en mesure de commencer le massage calmement et paisiblement.
Est-ce important pour vous de pratiquer une activité physique ?
Pour moi, c’est très important parce que j’ai beaucoup d’énergie et que je travaille avec les énergies. En massant les gens, on est vite amené à sentir les émotions des autres. A un moment donné, cela fini par nous atteindre qu’on le veuille ou non. L’activité physique permet de se relâcher au niveau personnel et professionnel. Je fais du sport en salle et du stretching à la maison. L’année prochaine je reprends le yoga.
Vous arrive-t-il d’annuler une séance de sport à cause de votre travail ?
Dans mon agenda, s’il y a des séances de sport qui sont calées, elles restent calées. Je ne les reporte pas pour voir mes amis ou ma famille.
Est-ce important pour vous d’avoir une alimentation saine ? Pourquoi ?
Une alimentation équilibrée est essentielle pour répondre à nos besoins énergétiques. La fatigue ou le manque de temps a une influence directe sur mon alimentation car, si je suis fatiguée, je n’ai pas envie de cuisiner et si je n’ai pas le temps, je grignote toute la journée. Or, Masser demande beaucoup d’énergie et, particulièrement, les massages orientaux. Si je n’ai pas bien mangé, cela aura un impact sur l’énergie que je peux donner.
Vous arrive-t-il de consommer de l’alcool pour évacuer le stress ?
Avec mon compagnon, on s’est rendu compte que deux fois par mois, on avait besoin de se détendre un peu en buvant un verre ou deux d’apéro. Après ça on est reparti.
Qu’est-ce qui vous (re)motive dans votre travail ?
Ça me booste de savoir que le client revient ou que le client m’a recommandé. C’est hyper stimulant, la partie humaine. J’ai fait mon stage dans une institution où on travaillait comme une machine. C’est pour ça que je me développe aussi, pour apporter le côté humain. Par exemple, je prévois 30 à 45 minutes de battement entre chaque rendez-vous, pour que la personne ait le temps de se lever tranquillement. Elle sent que ce n’est pas une machine qui la masse mais un être humain, qui sait qu’elle a besoin de récupérer à son aise.
Équilibre vie privée et vie professionnelle : vivre en couple quand on est tous les deux indépendants
Avez-vous des difficultés à concilier vie privée et professionnelle ?
Avant d’être moi-même indépendante, j’avais une vision très arrêtée. Pour moi, à 19h, mon compagnon devait être à la maison. Je ne comprenais pas qu’il travaille jusque 20h, qu’il continue de travailler sur son ordinateur ou qu’il travaille le samedi, alors que c’était le jour que l’on devait passer ensemble. Maintenant que je suis de l’autre côté, je comprends. Par exemple, je peux décider de prendre mon jour de congé en semaine, ce qui me semblait inconcevable avant.
Comment a évolué l’équilibre entre vies privée et professionnelle ?
Maintenant que nous sommes tous les deux indépendants, l’équilibre est mieux respecté. Quand j’étais salariée, j’exigeais qu’il soit disponible pour nous. Maintenant, on coordonne nos agendas et on fait plus de choses de manière spontanée. Notre vie privée est plus épanouie.
Mangez-vous régulièrement ensemble ?
Oui. Quand j’étais salariée et qu’il me proposait un lunch, c’était insignifiant pour moi. Maintenant, avoir du temps à midi pour manger ensemble est devenu très important.
Faites-vous des pauses ensemble ? Partez-vous en vacances ?
Je suis très attentive à nos besoins de pause parce que je sais que, si l’on ne s’arrête pas, cela aura des conséquences sur notre vie privée. C’est moi le radar dans le couple. A un moment, je le regarde et je lui dis : « ça fait un moment qu’on a la tête dans le guidon. ». En général, il me répond : « Vas-y prépare un truc ! ».
Qu’est-ce qui est prioritaire pour vous aujourd’hui ?
Ma vie de couple et de famille passe avant le travail et l’argent. Mon compagnon est d’accord que je gère cet aspect alors je le fais. C’est vraiment notre force.