Pour diminuer le stress, « coup de pousse » par les plantes

coup de pousse par les plantes

Regards croisés de deux experts en remèdes naturels. Au même titre que nos choix alimentaires, certaines plantes médicinales, utilisées à bon escient, peuvent atténuer les effets néfastes du stress sur notre système immunitaire. Afin de croiser différents points de vue, nous avons fait appel à deux experts en remèdes naturels : Marie Verwacht, naturopathe et le docteur Bernadette Preat, médecin généraliste, phytothérapeute.

Marie Verwacht, naturopathe, spécialisée en nutrithérapie

Marie Verwacht travaille en prévention et en maintien de la santé. Une approche complémentaire mais qui ne remplace pas celle d’un médecin. Elle propose des pistes pour être au plus proche de la santé, par une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation… Il existe beaucoup d’outils naturels : les plantes, les approches énergétiques, manuelles… Ses outils sont principalement les plantes médicinales et la nutrithérapie. En plus de ses consultations, elle anime des stages et ateliers pour mieux connaitre les plantes sauvages, médicinales ou comestibles… Elle est aussi formatrice d’une méthode de connaissance et de gestion de la fertilité par la symptothermie.

Pour que la vie reste sympathique

Le mécanisme du stress est étroitement lié au fonctionnement du système neurovégétatif.

Le système nerveux végétatif, appelé également autonome, permet de réguler différentes fonctions automatiques de l’organisme : digestion, respiration, circulation sanguine, pression artérielle… En fonction de la situation, il aiguille notre énergie vers l’un de ses 2 pôles :

  • Le parasympathique a une fonction de ralentisseur. Il facilite les fonctions de digestion, l’intégration (des aliments et des événements), la réparation des tissus, l’immunité… Il met l’organisme dans un état de détente et de réceptivité.
  • Le sympathique ou orthosympathique joue un rôle dynamisant : il met l’organisme en état d’éveil, de tension, et le prépare à l’action. En cas de stress, c’est bien-sûr le système orthosympathique qui se déclenche !

Comme expliqué dans l’article « Choisir une alimentation anti-stress », si une situation stressante perdure, l’organisme reste en état de tension (orthosympathique) pendant trop longtemps et cela peut mener à l’épuisement.

En cas de stress prolongé, les plantes anti-stress permettent alors de calmer l’orthosympathique, lorsqu’on n’arrive plus à se détendre, dormir, digérer et que l’on devient sensible aux infections ou à la moindre contrariété.

Les plantes anti-stress

Parmi les plantes apaisantes, on trouve le tilleul, l’aubépine, la mélisse, la lavande, la passiflore, la camomille matricaire, la valériane…

  • Le tilleul, la valériane et la passiflore favorisent un bon sommeil ;
  • la mélisse fait pétiller l’humeur tout en améliorant la digestion ;
  • la lavande calme tout en tonifiant le moral : elle peut vous aider à y voir plus clair dans les périodes difficiles ;
  • la camomille matricaire apaise chagrins et colères, elle calme aussi les spasmes de la digestion et des règles.

En cas d’épuisement physique et émotionnel, la rhodiole (rhodiola rosea) renforce la capacité de résistance au stress et soutient l’endurance.

En phytothérapie aussi, il y a des contre-indications : ici, pour les femmes enceintes et les jeunes enfants, on s’en tiendra à tilleul, camomille matricaire, passiflore et lavande.

Sous quelle forme les utiliser ?

Marie Verwacht recommande d’utiliser les plantes sous leurs formes les plus énergétiques et les moins transformées ; « celles qui ont fait leurs preuves au cours des siècles et des millénaires ».

Les infusions, plus particulièrement, nous font bénéficier des propriétés intactes de la plante, de manière simple et accessible, dans un usage sécuritaire.

La gemmothérapie, forme de phytothérapie appelée communément « médecine des bourgeons », offre des remèdes très doux, présentant peu d’effets secondaires, et un spectre d’action assez large : les extraits de bourgeons et jeunes pousses agissent en profondeur, à la fois sur les plans physique et émotionnel.

  • L’extrait de bourgeon de figuier, par exemple, est indiqué pour les états de stress, particulièrement s’il y a des symptômes digestifs : acidité gastrique, nœuds dans le ventre, perturbation du transit…
  • L’extrait de bourgeon d’aubépine apaise les angoisses et oppressions, les palpitations et emballements : l’aubépine est la plante du cœur, ses bourgeons conviennent aussi à ceux qui ont le « cœur brisé » par un événement.

ATTENTION : la gemmothérapie est déconseillée dans certains cas, entre autres pendant la grossesse, car les bourgeons sont riches en hormones végétales.

Précautions d’usage

Le soin par les plantes est très personnel : tout le monde ne réagit pas de la même manière à une même plante. Il peut arriver qu’une plante réputée calmante empêche de fermer l’œil… Cela peut être un mauvais choix pour la personne ou une posologie inadaptée. « Les plantes, précise Marie Verwacht, sont des êtres vivants complexes, tout comme nous ! Il est parfois nécessaire de chercher un peu parmi les plantes ayant des indications proches, celle qui correspondra le mieux à votre sensibilité, et qui vous accompagnera en fonction des événements que vous traversez… Ce n’est pas le même effet qu’un médicament, qui est une molécule isolée, ayant une action très ciblée. »

La phytothérapie peut vous accompagner très efficacement sur le chemin de la santé et de la vitalité. Pour que leurs effets soient au rendez-vous, n’hésitez pas à consulter un professionnel : médecin ou naturopathe, phytothérapeute, herboriste. Vous pouvez également demander conseil à votre pharmacien.

Docteur Bernadette Préat, médecin généraliste et phytothérapeute

Médecin généraliste depuis 40 ans, le docteur Préat a décidé d’ajouter à sa pratique, les médecines naturelles : l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie et la nutrithérapie. La combinaison de ces deux approches de la santé (médecine classique et alternative) lui permet de diminuer la consommation de médicaments et de proposer à ses patients un maximum de remèdes naturels. Mais elle reste avant tout généraliste. Par ailleurs, elle enseigne à des futures naturopathes, pour l’Institut d’Hygiène et de Médecine Naturelle (IHMN) et est secrétaire de la SBPN, la Société Belge de Nutrithérapie et Nutrition.

Les plantes anti-stress

Parmi les plantes apaisantes, on distingue :

  • Les plantes anti-stress. En médecine classique, contre l’excès de stress, l’anxiété et les troubles du sommeil, on prescrit généralement des benzodiazépines. Heureusement la phytothérapie offre de nombreuses alternatives pour éviter l’accoutumance à ces produits. Les plantes anti-stress peuvent en effet les remplacer progressivement : la passiflore, la valériane, la mélisse, l’escholtzia, le tilleul, la camomille et l’aubépine. En plus de ses propriétés calmantes, cette dernière est très bonne pour les problèmes cardiovasculaires (palpitations, hypertension…).
  • Les plantes adaptogènes ou plantes anti-burnout, qui permettent de mieux résister au stress : la rhodiola, le ginseng, l’éleuthérocoque, le maca, le reishi, ayant chacune leur spécificité.
  • Les plantes antidépressives. Au moment opportun et avec le suivi d’un médecin phytothérapeute, les médicaments anti-dépresseurs peuvent être remplacés progressivement par des remèdes naturels spécifiques, comme le millepertuis. Attention, celui-ci a cependant deux inconvénients :
    • Il est incompatible avec la prise d’hormones contraceptifs (pilule et autres), dont il peut diminuer l’effet.
    • Il augmente la photosensibilité. Quand on prend du Millepertuis, mieux vaut éviter de s’exposer longtemps au soleil (10 minutes suffisent) ou alors mettre de l’écran total.

Si vous souhaitez contourner ces désavantages, choisissez le safran. 

Sous quelle forme les utiliser ?

Pour le Dr Préat, tout dépend de l’objectif. Si l’on recherche un apaisement ou un confort, les infusions sont appropriées. Mais si l’on veut soigner une pathologie, elles ne suffiront pas, car elles ne sont pas suffisamment concentrées. Dans ce cas, mieux vaut opter pour les gélules (extrait sec) qui optimisent le principe actif de la plante. La concentration des tisanes est moins précise (une pincée, une cuillère…), tandis que les gélules contiennent le dosage exact et nécessaire à des fins thérapeutiques. En cas de troubles du sommeil, par exemple, une infusion de valériane aidera à s’endormir. Mais si l’on veut vraiment améliorer son sommeil, une gélule de 500 mg sera plus efficace. En bref, les infusions apportent une sensation de bien-être et soulagent ; mais elles ne guérissent pas.

« Les infusions sont utilisées depuis la nuit des temps. Mais aujourd’hui, précise le Dr Préat, pour que la phytothérapie soit compétitive par rapport à l’allopathie, il faut parler de phytothérapie dosée et standardisée. La quantité de principe actif est d’ailleurs toujours précisée sur le flacon. »

Une alternative aux gélules : les teintures-mère. C’est le même principe (dosage standardisé) mais sous forme liquide. La seule différence est que la teinture-mère agit plus vite : elle peut être utilisée au moment des symptômes. La gélule a le même effet mais peut être prise préventivement.

la gemmothérapie

La gemmothérapie est une partie spécifique de la phytothérapie, qui utilise des formes jeunes de la plante : le bourgeon ou la radicelle. En phytothérapie, on utilise généralement la racine, la feuille, la fleur… La gemmothérapie se compose uniquement d’organismes en développement, qui sont donc beaucoup plus chargés d’enzymes. Afin de préserver sa partie vivante, on mélange l’extrait de plante à de l’alcool et de la glycérine. Cela donne un « macérat glycériné », dont le principe actif reste très vivant.

Remèdes « gemmo » anti-stress :

  • Le bourgeon de figuier : il soigne l’acidité de l’estomac causée par le stress. Pour les personnes qui souhaitent se débarrasser d’antiacides allopathiques, c’est un très bon moyen de transition, facilitant le sevrage. Posologie : 5 gouttes 3x/jour dans une cuillère à soupe d’eau, 10 à 15 minutes avant le repas + 5 gouttes au coucher.
  • Le bourgeon de tilleul : très efficace en cas de stress, d’anxiété ou de troubles du sommeil (même posologie).

L’aromathérapie

« Les huiles essentielles (HE), explique le Docteur Préat, sont très vulgarisées actuellement. Or, ce n’est pas banal. Il ne faut pas confondre la phytothérapie et l’aromathérapie. La phytothérapie est plus universelle et moins risquée. Un sirop à l’eucalyptus, par exemple, qui est produit à partir de la feuille, est inoffensif. La feuille entière contient d’autres bons éléments comme des tanins, des minéraux… qui atténuent la toxicité de l’huile essentielle d’une plante. En revanche, certaines HE d’eucalyptus (comme l’eucalyptus globulus) peuvent être dangereuses pour les enfants. L’hyperconcentration de l’huile essentielle la rend plus puissante et de ce fait, plus risquée. »

Par administration cutanée, les HE doivent être diluées dans une huile végétale (amande douce, jojoba, noyau d’abricot). A l’exception de l’huile essentielle de lavande, aux propriétés apaisantes : elle peut être utilisée pure (y compris pour les enfants), en externe et sans danger. On peut en verser une goutte sur le plexus solaire ou au niveau du poignet. Par voie orale, on peut mettre les huiles essentielles sur un support comme une mie de pain, un comprimé neutre vendu à cet effet ou une cuillère de miel.

En général, les plantes dangereuses ne sont pas autorisées à la vente. Ce qui n’est pas le cas des huiles essentielles, qui sont autorisées malgré leur potentielle toxicité.

En conclusion, l’utilisation d’huiles essentielles requiert de bien se documenter sur le sujet (quantité, dilution…). Il est recommandé de consulter un professionnel (médecin phytothérapeute ou naturopathe) ou un pharmacien, praticien de l’aromathérapie.

 

D’après les interviews de Marie Verwacht, naturopathe, spécialisée en nutrithérapie et du docteur Bernadette Préat, généraliste et phytothérapeute.
Regards croisés par Valérie Decruyenaere, Chargée du projet 7 Jours santé